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30 avril 2008

Les approximations historiques de Nicolas Sarkozy

Article publié dans les Dernières Nouvelles d'Alsace du 30 avril 2008.

Une vérité à rétablir ?

Dans la rubrique « Chuchotements » du lundi 17 mars dernier, quelques lignes attribuées au président Sarkozy ont offusqué nombre de Sundgauviens et d'Alsaciens et notamment le docteur Michel Buecher, vétérinaire-colonel en retraite de Ferrette, et ses amis. L'entrefilet en question concernait la phrase que le président de la République a prononcé lors des obsèques et de l'hommage rendu au dernier des « Poilus », Lazare Ponticelli.

En évoquant ce qu'on appelle la « Grande Guerre », Nicolas Sarkozy a souligné que le premier poilu (Jules Peugeot) fut abattu sans sommation le 2 août par un officier allemand. « Cet Allemand était un Alsacien natif de la région de Mulhouse » a ajouté le président  Choqué par cette phrase, Michel Buecher tient à rétablir la vérité et précise d'entrée que les Alsaciens mobilisés dans l'armée allemande servaient sur le front russe et qu'aucun d'entre eux n'a jamais été officier. Prétendre le contraire serait une erreur historique majeure !  Sur le fond de l'affaire Michel Buecher, Roland Fontaine et Anatole Frey ont effectué des recherches approfondies qui leur permettent de rétablir les faits avec précision.

Le 5e régiment de chasseurs à cheval de l'armée allemande...

On sait ainsi que le 3e escadron du 5ème régiment de chasseurs à cheval de l'armée allemande était en garnison à Mulhouse (Mülhausen en allemand). Le samedi 1er août 1914 une escouade de 7 militaires (un officier et six cavaliers) quitta la caserne pour patrouiller dans le Sundgau (le long de la frontière) et essayer de se renseigner sur les positions de l'armée française. Le soir venu la petite troupe fit étape à Bisel, au Café du Cygne, route de Largitzen, pour y passer la nuit. On réquisitionna chez l'habitant de quoi se restaurer et nourrir les chevaux. Le lendemain, un dimanche, les 7 soldats allemands se firent encore servir une bière (« peut-être notre dernière », aurait dit l'un soldat) avant de continuer leur chemin en direction de « Sept » (Seppois). Puis ils pénétrèrent en « Vieille France » ce qui constituait une flagrante violation de frontière puisque la guerre ne sera officiellement déclarée que le lendemain. Les Français finirent par repérer la petite troupe ennemie et un accrochage s'ensuivit près de Joncherey, au cours duquel Jules Peugeot et l'officier allemand Albert Meyer furent tués.  Jules Peugeot fut inhumé dans le tombeau familial à Etupes et on enterra Albert Meyer dans le cimetière communal de Joncherey avec l'inscription : « Officier allemand tué le 2 août 1914 ». En 1920 sa famille fit rapatrier son corps à Müllheim avant qu'il ne soit transféré quelques années plus tard au cimetière militaire d'Illfurth où il repose toujours parmi les 1 964 soldats allemands qui y sont recensés. Albert Meyer (et non Mayer comme on l'orthographia par la suite, et qui n'est que la prononciation allemande du nom) était né à Magdebourg le dimanche 24 avril 1892 et ne peut donc en aucun cas être assimilé à un Alsacien.

Les autorités alertées

Pour que la vérité soit rétablie et en demandant une mise au point officielle de la part de la Présidence de la République, Michel Buecher et ses amis ont alerté la sénatrice Catherine Troendlé et Jean-Marie Bockel, secrétaire d'Etat à la défense chargé des anciens combattants. « Il y va de la dignité de tous les Alsaciens », tonnent nos interlocuteurs.

JP Roth

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