Benoît XVI mérite-t-il l'opprobe médiatique ?

6 avril 2010

Le blogueur Antidote s'élève contre la chasse au pape lancée, selon lui, par les médias de différents pays. PLus inattendu : il mobilise Stéphane Guillon pour cette cause. Article et vidéo.

J’ai toujours eu une réticence à évoquer ma relation à la religion. Profondément attaché à la laïcité et donc à la séparation stricte entre la vie privée et la vie publique, je demeure enclin à ne pas me justifier sur le fait que, bien que baptisé et ayant reçu une instruction religieuse, je ne me suis pas marié à l’église ni fait baptiser mes enfants, considérant que c’est à elles de prendre un jour la décision si elles le souhaitent. Pourquoi ? Justement, c’est une histoire entre moi et mon épouse, et entre nous et nos fois éventuelles. En revanche, il est difficile de cacher que je ne me rends jamais à la messe dominicale. On peut aussi s’apercevoir que, par exemple, je n’observe pas carême et que je mange de la viande le vendredi. Donc, pour un observateur attentif de ma vie publique, il n’y a guère de doute qu’on peut me classer dans la catégorie des mécréants. Soit.

Pourtant, alors que son texte est profondément inspiré par la foi catholique, j’ai signé l’Appel à la vérité des catholiques français, lequel compte plus de 6000 signatures à l’heure où j’écris ces lignes.
Pourquoi un mécréant s’associe t-il à cette initiative de pratiquants fervents ?
Parce que j’aime la vérité, tout simplement. Et la vérité est constamment malmenée ces temps-ci en ce qui concerne l’Eglise catholique en général et le Pape Benoît XVI en particulier. Comme l’a notamment très bien expliqué Koz, un camarade blogueur parfois publié par Causeur, ou Bernard Lecomte¹ ce matin sur Europe 1, le Souverain pontife fait l’objet d’une véritable chasse médiatique à l’échelle internationale à laquelle notre pays ne fait malheureusement pas exception. Traité successivement d’ami des négationnistes, d’excommunicateur de jeune fille ayant subi un avortement, puis d’assassin à l’occasion de ses propos dans un avion le menant en Afrique, béatificateur de pape nazi, le voilà protecteur de pédophiles. Excusez du peu. Tout cela est évidemment faux. François Miclo dans un texte mémorable avait tordu le cou aux trois premiers canards. En ce qui concerne la dernière accusation en date, elle est d’autant plus ignoble que Benoît XVI est justement celui qui a brisé la loi du silence qui régnait dans l’Eglise à ce sujet pendant de longues années comme dans d’autres institutions.

Péché d'anachronisme

A l’occasion des élections européennes, François Bayrou avait cru bon de rappeler des écrits de Daniel Cohn-Bendit datant des années soixante-dix et qui le choquaient pour encourager la pédophilie. Ce rappel s’était retourné contre le député béarnais. Certes, il s’attaquait à une vache sacrée mais il avait aussi tort. En regardant une époque avec les lunettes d’aujourd’hui, il tombait dans le grave péché de l’anachronisme, ce que la plupart des médias relevait pour une fois, alors qu’elle l’avait tant oublié sur d’autres sujets brûlants, relayant les appels à la repentance. N’est pas Dany Cohn-Bendit qui veut, même si, à un degré moindre, Frédéric Mitterrand fit l’objet d’un traitement du même genre, la journaliste de service passant pudiquement sur son évocation de boxeurs de quarante ans.

Tel n’est donc pas le cas pour Benoît XVI. Jusqu’à maintenant, l’émission de télé la plus représentative de l’élite boboïsante, le Grand Journal de Canal plus, n’a pas encore invité de défenseur du Pape sur son plateau. On imagine volontiers que lorsque ce sera le cas, il devra subir le réquisitoire implacable d’Aphatie, les remarques assassines proférées d’un ton bonhomme par Ali Badou et supporter les questions d’Ariane Massenet, dignes d’une élève médiocre de classe de cinquième. Aussitôt après avoir quitté le plateau, il entendra l’écho d’un cardinal à voix de Sylvester Stallone s’esclaffer devant les exploits du Guignol représentant un pape mi-pédophile mi-nazi. Comme je l’écrivais mercredi en reprenant les sages propos du Président de la République, mieux vaut un excès de caricature à l’absence de caricature. Nulle n’est donc question pour moi de prôner le retour du délit de blasphème. Mais je ne peux m’empêcher de penser ce qu’un sketch du même tonneau provoquerait s’il moquait Islam et imams. Au regard de ce qui surviendrait, les évènements survenus récemment à Tremblay-en-France relèveraient alors de l’aimable plaisanterie. Mais comme le reconnaissait très honnêtement Stéphane Guillon², les comiques d’aujourd’hui savent choisir leurs cibles en matière de rebelle-attitude.
Voilà pourquoi, alors qu’on peut me considérer comme un mécréant, j’ai signé cet appel à la vérité avec tous ces fervents catholiques. Par amour de la vérité. Et par horreur des chasses à courre.