Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Militant Haut-Rhinois du MoDem
Militant Haut-Rhinois du MoDem
Publicité
Derniers commentaires
Archives
Visiteurs
Depuis la création 14 204
26 mai 2012

A propos du modèle allemand

André Wurtz (*) évoque ici des aspects insuffisamment cités quand il est question du modèle allemand.

 « Quand on vante le « modèle allemand », on met en avant sa forte tradition industrielle et son Mittelstand. Mais nous aussi savons construire des voitures, des machines-outils, des trains à grande vitesse.

Lors de la catastrophe de l’ICE, qui fit 101 victimes à Eschede en 1998, la presse allemande a souligné la supériorité du TGV français en termes de conception. Sa structure rigide (les voitures sont solidaires grâce à des essieux communs) aurait évité la dislocation du train et l’empilement des wagons sur la pile d’un pont.

Le Mittelstand, certes. Il s’agit de ce tissu de puissantes PME familiales, indépendantes, fortement implantées dans leurs régions, souvent leaders dans leur domaine. Mais la France n’est pas en reste avec ses Ligne Roset (meubles), Hénaff (agroalimentaire), Radiall (connectique), Lohr (N° 1 mondial des camions porte-voitures), pour ne citer qu’elles.

La stabilité politique allemande a été très utile

S’agissant de l’Allemagne, on sous-estime trois éléments : sa stabilité politique, très appréciée des entrepreneurs et investisseurs, son volontarisme, son souci de défendre ses intérêts.

Se rappelle-t-on que pendant toute la durée du miracle économique allemand (1949-1963) l’Allemagne n’a connu qu’un chancelier (Konrad Adenauer) et un seul ministre de l’économie (Ludwig Erhard), lequel a d’ailleurs succédé à son chancelier en 1963 ?

Depuis la création de l’État en 1949, l’Allemagne a connu huit chefs de gouvernement alors que la seule V e République française (depuis 1958) en totalise 18 pour 34 gouvernements.

En France, la stabilité se trouverait plutôt dans l’endogamie de nos dirigeants. Certains font de la politique leur métier alors qu’en Allemagne les désavoués du suffrage universel disparaissent en général de la scène politique et rentrent dans le rang.

Et que dire du cumul des mandats, quasiment inconnu outre-Rhin ?

Le processus de décision allemand est connu pour être long et réfléchi, conséquence de la culture du consensus. Mais lorsqu’elle est prise, la décision est mise en œuvre sans tergiverser. L’Allemagne fait sans se poser de questions, alors que nous donnons l’impression de chercher d’abord les raisons de ne pas faire, comme on l’a vu à propos de la « TVA sociale ».

On peut citer la décision des Allemands d’étendre le péage autoroutier pour camions (LKW Maut) à certaines de leurs routes nationales. Entre le vote du texte et la mise en œuvre, il s’est passé à peine six mois.

En France, l’Alsace attend depuis sept ans un tel péage alors que celui-ci renverrait au-delà du Rhin le trafic nord-sud qui encombre son axe routier et n’est que du transit pour éviter le péage allemand.

Que n’a-t-on entendu lorsqu’un député a émis cette idée dès 1995 au lendemain de l’instauration du péage allemand : « que vont penser nos amis allemands ? », « que va dire Bruxelles ? », etc.

Défendre ses intérêts n’est pas un crime ; nous devons en prendre conscience

Helmut Kohl disait que toute décision de l’Europe devait être bonne pour l’Allemagne. Nos voisins ont toujours su défendre leurs intérêts de manière décomplexée, sans se poser de questions.

Avant toute décision communautaire, M me Merkel fait approuver le projet par son Bundestag. Elle a raison.

Lorsqu’une décision de Bruxelles n’est pas conforme à sa Constitution, l’Allemagne la refuse. La France change sa Constitution… En vingt ans elle l’a fait cinq fois pour se mettre en conformité avec l’Europe.

Sait-on que là où la France a assisté passivement à la disparition de ses mines de charbon, l’Allemagne subventionne ses houillères (25 000 emplois) à hauteur d’environ 2 milliards € par an (pour un chiffre d’affaires annuel d’environ trois milliards) ? Imagine-t-on le tollé si notre président avait proposé un tel mécanisme pour sauver la sidérurgie lorraine et le haut-fourneau de Gandrange ?

L’Allemagne a su se forger un puissant lobby

Le lobby allemand à Bruxelles, fort de 1 200 personnes et de plus de deux cents entreprises ou associations professionnelles présentes sur place, se chiffre en dizaines de millions d’euros (1,2 million d’euros juste pour Deutsche Telekom).

Il ne s’agit pas d’en faire reproche à l’Allemagne. L’intérêt national n’est pas un gros mot. Défendre ses intérêts n’est pas un crime.

Il serait bon d’en prendre conscience en France et d’abandonner l’angélisme qui nous caractérise au nom d’une amitié retrouvée, mais qui ne doit pas nous faire oublier nos intérêts dans le cadre d’un environnement mondialisé. A moins de considérer que défendre ses intérêts est signe de populisme, voire de nationalisme incompatible avec les fameuses valeurs dont tout le monde ici se réclame ».

Conseiller du commerce extérieur de la France, président d’honneur de la section Allemagne

Dernières Nouvelles d'Alsace, André Wurtz, 25/05/2012

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité