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Militant Haut-Rhinois du MoDem
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24 août 2007

"Je n’ai pas d’opposition de principe à des discussions de fond avec le MoDem"

Interview publiée le 21 août 2007 dans Le Figaro.

Le FIGARO. – Comment jugez-vous sur les premiers mois de Nicolas Sarkozy?

Manuel VALLS. – Nous avons un président hyperactif. Cela ne me choque pas. Les Français lui ont donné la légitimité pour agir. Si l’hyperactivité ne peut pas être sa seule marque de fabrique, je me garderai bien d’un jugement hâtif. Cependant, je ne vois pas, par exemple, de stratégie économique et budgétaire. Au-delà de la méthode Coué, j’aimerais connaître les réponses du gouvernement face à la crise boursière. Le budget 2008 sera très difficile à bâtir avec une croissance molle et des déficits publics qui s’aggravent.

Le PS peut-il s’opposer sans avoir effectué son travail de rénovation intellectuelle?

Nous sommes au bout d’un cycle: une grande partie des idées de gauche se sont épuisées. Pour que le PS retrouve une crédibilité, il doit être porteur d’un projet vraiment différent. Cela demande du temps et beaucoup de travail. Si nous ne changeons pas en profondeur notre logiciel, nous resterons durablement dans l’opposition. Face à la droite, nous devons nous opposer en trouvant le ton juste, contrôler l’action du gouvernement, mais aussi proposer. Nous pouvons faire un bout de chemin avec la majorité, à condition qu’elle nous entende, sur des sujets qui peuvent faire consensus. Je pense aux moyens qu’il faut donner à la justice, à la lutte contre la criminalité ou encore au dossier de l’immigration.

Quels seront les sujets les plus difficiles à traiter pour le PS?

Nous sommes dans une économie de marché, il faut l’admettre définitivement. Nous devons dire également que le travail est une valeur, que nous ne sommes pas favorables à une société de l’assistanat. Nous devons tirer le bilan des 35 heures, être au clair sur les retraites et reconnaître que nous avons perdu une grande partie des salariés, séduits par le discours de Nicolas Sarkozy. Nous devons être aussi le parti de l’entreprise et des entrepreneurs, créateurs de richesses. Le deuxième sujet essentiel, c’est celui de l’autorité, qui est en crise. Une société a besoin de règles et d’ordre. L’autorité, républicaine, est une valeur de gauche, car son bon exercice permet de créer et de préserver le lien social, le « vivre ensemble».

Rénovation du PS et souci d’unité sont-ils compatibles?

Aujourd’hui, les socialistes apparaissent très divisés, alors même que les débats n’ont pas été menés. Ce qui nous a nui, c’est moins la confrontation que l’absence de volonté de trancher les questions essentielles.

Le PS doit-il associer le centre à sa réflexion?

Je n’ai pas d’opposition de principe à des discussions de fond avec le MoDem, à condition qu’il clarifie sa position vis-à-vis de la droite. Il est temps que nous ayons un débat sur nos alliances électorales, car je ne voudrais que ce soit la somme d’accords locaux aux municipales – ici à gauche, là avec le MoDem – qui définisse notre stratégie nationale.

Avec Arnaud Montebourg, Gaëtan Gorce et d’autres de la même génération, vous partagez le même appel à la rénovation…

Nous nous retrouvons d’abord sur l’idée qu’il faut sortir des carcans des courants et des écuries présidentielles qui ont ankylosé le PS. Nous souhaitons, ensuite, mener la rénovation des idées librement, sans tabou.

Formaliserez-vous un rapprochement lors du congrès?

Il est beaucoup trop tôt pour répondre. Je ne vais pas reproduire ce que je dénonce par ailleurs, c’est-à-dire un fonctionnement que nos militants ne supportent plus. Je ne veux plus du processus que nous avons vécu entre 2002 et 2007 et que la méthode proposée par François Hollande – attendre le résultat des municipales et ne pas affronter les grandes questions de fond – vise à reproduire pour que rien ne change.

Le nouveau leader du PS doit-il appartenir à cette génération?

Je le crois. Mais rien n’est écrit à l’avance. Il faut un changement à la tête du parti, c’est incontestable et attendu par les Français. Mais cela ne suffira pas à régler nos problèmes. Il faut aussi changer nos formes d’organisation et de débat pour être véritablement en phase avec la société.

Quel doit être désormais le rôle de Ségolène Royal?

Aucun leadership ne se décrète, mais elle a un rôle éminent à jouer. Il doit être intimement lié à la rénovation des idées. La campagne de Ségolène Royal a permis, parfois dans le désordre et l’absence de cohérence, d’avancer sur des questions comme le travail, l’ordre juste ou la nation. Faisons de cette période un véritable acquis.

Propos recueillis par Nicolas Barotte.

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