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Militant Haut-Rhinois du MoDem
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13 mars 2008

François Bayrou refuse "d'abandonner l'indépendance que nous avons voulue pour nous faire retomber dans un camp"

François Bayrou était ce mardi 11 mars, l'invité d'Europe 1, l'occasion de réaffirmer la ligne d'indépendance qui caractérise la démarche du Mouvement Démocrate, refusant "l'idée selon laquelle, on pourrait, en raison d'une élection locale, nous faire abandonner l'indépendance que nous avons voulue pour nous faire retomber dans un camp, un accord global avec l'UMP, cela veut dire, retomber dans un camp, le camp de la droite, comme un accord avec la gauche nous ferait tomber dans le camp de la gauche. Le président du Mouvement Démocrate a déclaré "Vivre sans risques, c'est ne pas vivre. J'ai choisi, une fois pour toutes, le risque parce que nous ouvrons des chemins nouveaux qui n'avaient jamais été ouverts depuis 50 ans dans la vie politique française : les clivages qui ont été ceux du XXe siècle sont dépassés. Cela n'a plus d'intérêt de gérer une ville comme cela." Interrogé par Jean-Pierre Elkabbach sur la situation du Modem à Paris, François Bayrou a estimé mardi que Bertrand Delanoë avait "fermé la porte" à un accord électoral avec la candidate du MoDem Marielle de Sarnez à Paris avant le second tour des municipales, pour des "raisons internes au Parti socialiste". "Je suis absolument certain que les électeurs de Paris, majoritairement, avaient envie qu'il y ait cette nouvelle majorité plus ouverte. Et puis, Bertrand Delanoë, pour des raisons internes au Parti socialiste, a fermé cette porte, montrant ainsi qu'il se plaçait du côté de la fermeture" a analysé François Bayrou. "Je pense que beaucoup d'électeurs parisiens ne seront pas satisfaits de cette fermeture", a-t-il ajouté.

 
  Jean-Pierre Elkabbach : Dès dimanche soir, vous prévoyiez une deuxième mi-temps  passionnante, eh bien la deuxième mi-temps a commencé. F. Bayrou, vous êtes en direct de Pau, parce que vous restez... cette deuxième mi-temps est passionnante. Etant donné votre score de la première mi-temps, est-ce que vous ne risquez pas de perdre le match ?

François Bayrou : Monsieur Elkabbach, vivre sans risque c’est ne pas vivre. Moi j’ai choisi une fois pour toutes d’accepter les risques parce que j’ouvre des chemins nouveaux. Un chemin nouveau, qui n’avait jamais été ouvert depuis 50 ans dans la vie politique française, et qui consiste à prendre acte du fait que les clivages qui ont été ceux du XX ème siècle, avec lesquels on essaye de nous faire vivre un camp de droite contre un camp de gauche, ces clivages sont dépassés. Cela n’a plus d’intérêt de gérer une ville comme cela. Regardez, il y a neuf mois, élection présidentielle. Beaucoup d’illusions, et aujourd’hui beaucoup de désillusions, et alors, on retomberait, sans autre forme de procès, dans les bras du Parti Socialiste, qui n’a évolué et changé en rien. Il le fera, je crois qu’il le fera, mais il n’a évolué et changé en rien. Donc, qu’est- ce que ça veut dire...

Donc, un coup à gauche, et un coup à droite, eh bien c’est justement peut-être ce que vous faites. Alors, vous avez des courtisans et des flatteurs de tous les côtés, c’est vrai. Prenons le côté de l’UMP et de la majorité. Le Premier ministre, M. F. Fillon, messieurs Raffarin, Gaudin, Devedjian, ont appelé à des accords de soutien réciproque UMP-MoDem. Et il vous a même été proposé une négociation globale. Vous refusez, vous dites : « c’est un bluff ». Pourquoi est-ce un bluff ?

Parce que, l’idée selon laquelle on pourrait, en raison d’une élection locale ou de plusieurs élections locales, nous faire abandonner l’indépendance que nous avons voulue pour nous faire retomber dans un camp - un accord global avec l’UMP ça voudrait dire qu’on retombe dans un camp, le camp de la droite ; un accord global avec le PS, ça voudrait dire qu’on retombe dans le camp de la gauche.

Mais vous préférez la défaite à un accord avec la majorité présidentielle ?

Vous verrez que ça ne sera pas une défaite, parce que la ville de Pau,
qui est une ville indépendante, qui a cette grande histoire d’indépendance et de relation de conquête avec la France, avec
l’histoire, cette ville de Pau ne veut pas des gens qui plient, elle ne veut pas des gens qui courbent la tête. Elle veut des gens qui acceptent au contraire d’affirmer fièrement ce qu’est notre véritable nature, c’est-à-dire nous sommes une ville qui aime le pluralisme, aime la tolérance, c’est la vertu profonde d’une ville comme celle-ci, et elle va le montrer, en tout état de cause. Les Palois ne veulent pas d’un maire qui se renie simplement pour avoir l’Hôtel de ville. Ils veulent d’un maire qui tienne bon, et en qui ils puissent faire confiance.

Vous avez dénoncé hier encore la liste d’appareil socialo- communiste de Pau...

Si vous me permettez, cela c’est votre expression, je n’emploie pas « socialo-communiste », c’est terriblement connoté, ce ne sont pas des expressions que j’emploie.

Vous dites : « PS plus PC d’appareil »...


Voilà.

Donc « PS plus communiste ». Cela veut dire que vous comptez sur les électeurs de droite ?

Ça veut dire que les électeurs qui, en effet, ont une tradition et des valeurs de droite, ils n’ont pas du tout envie que la mairie appartienne à des appareils pendant six ans, peut-être pendant douze ans. Ils n’ont pas envie que la mairie soit verrouillée et ils ont bien raison. Une ville comme celle-ci, et c’est le cas de toutes les villes, nous le disons pour toutes les villes de France, une ville, ça ne peut plus appartenir uniquement à un camp, avec tous les pouvoirs, les réseaux qui appartiennent uniquement à ce camp ou à ce clan-là, et les autres, simplement parce qu’ils ont été minoritaires, laissés sur le bord de la route, et n’ayant aucune participation au pouvoir. Tout cela, c’est ridicule. Une ville, le sort des enfants, le commerce, la circulation, la vie dans la ville, cela doit pouvoir représenter les grandes sensibilités de la ville. On a besoin de droite et on a besoin de gauche, et on a besoin de centre. Toutes ces sensibilités-là existent. Et tant qu’on peut les réunir...

Mais vous pouvez ouvrir : peut-être un peu d’UMP, un peu de PS...

C’est exactement ce que je fais, et c’est exactement comme cela que j’ai composé ma liste. Je veux que toutes les tendances d’une ville aient des amis à l’hôtel de ville. Je ne veux pas que l’hôtel de ville appartienne uniquement à un réseau, à un appareil qui bluffe.

A. Juppé, qui compte des MoDem dans sa liste à Bordeaux, disait
hier qu’il était prêt à participer à un meeting à Pau avec vous, si vous le lui demandez. Est-ce que vous l’invitez, ce matin ?


A. Juppé a dit, et naturellement j’y suis sensible, qu’il était prêt à m’aider. C’est ce que j’ai fait pour lui-même, non pas parce qu’il était à l’UMP, mais parce qu’il était un bon maire de Bordeaux, et parce que je considérais que c’était un homme qui valait la peine qu’on lui donne un coup de main, y compris quand c’était une situation difficile, passagèrement difficile pour lui.

Vous l’invitez à Pau ?

Je ne suis pas sûr qu’il ait envie de faire un meeting, et je ne suis pas sûr que ce soit sous forme de meeting que l’aide d’A. Juppé s’exprimera le mieux. Je pense qu’il est bon et suffisant qu’il dise ce qu’il pense, lui, qui est le maire de Bordeaux, première ville d’Aquitaine. Moi, qui peux être le maire de Pau, deuxième ville d’Aquitaine. Il est bon et juste qu’A. Juppé...

Vous continuez à être optimiste, c’est cela qui est extraordinaire.
Vous continuez à être optimiste. À croire que...

Mais attendez, il y a 1 % des voix qui me sépare de la liste socialiste arrivée en tête, 1 % ! Eh bien, je suis persuadé que 1 % des voix, non seulement ça se rattrape, mais bien au-delà. Désormais, les Palois savent que le choix est entre ces deux listes-là, et donc ils vont se prononcer entre ces deux listes, et il est bien qu’ils aient le choix. Oui je suis optimiste, et oui je suis conscient, parce que c’est comme ça qu’évidemment on change la situation et le sort des villes aussi.

Vous pensez qu’ils viendront vers vous parce que vous avez la posture, comment dire, de la victime, ou peut-être du martyr, coincé entre deux grands partis ?

Je ne suis pas martyr du tout. La situation qui est la mienne je l’ai voulue. Un martyr c’est quelqu’un qui subit. Je ne suis pas quelqu’un qui subit.

Entre le martyr et le maso...


Je ne suis pas quelqu’un qui subit, je suis quelqu’un qui a pris ses responsabilités pour obtenir un changement profond de la vie politique dans son pays, parce que cette vie politique, cela fait des années et des années qu’elle est bloquée. J’ai envie de la changer.

Donc, vous maintenez toutes les critiques que vous adressez à la fois au PS et à la majorité, au président de la République, face auquel vous demandiez « la vigilance républicaine » ?

Je me suis toujours exprimé en ayant absolument conscience qu’un responsable, ça doit dire des choses lourdes et profondes, en tout cas,
qu’il ressent. Je n’ai jamais pratiqué de critiques politiciennes. Je me suis toujours exprimé en référence à des valeurs, valeurs républicaines en l’occurrence, parce que c’est normal que les responsables de la France, les élus français, défendent des valeurs qui les font vivre ensemble. C’est vraiment la moindre des choses.

Est-ce que vous êtes prêt à débattre avec vos deux compétiteurs à  Pau ?

Bien sûr.

Vous dites que vous êtes prêt ?

Bien sûr.

Alors considérez que le débat aura lieu, s’ils sont d’accord, sur Europe 1.

Et bien, je serai ravi d’y participer.

Alors, vous refusez de donner des consignes générales et vous dites que vous allez examiner ville par ville, candidat par candidat...

Vous savez pourquoi ? Parce que je suis exactement comme vous et comme les électeurs, c’est- à-dire qu’il y a des maires ou des candidats que je considère comme intéressants dans les deux camps. Nous avons apporté une révolution qui est celle-ci : on peut constituer des équipes au service des villes avec des sensibilités différentes. Hier, on était obligés lorsqu’on voulait participer à la gestion d’une ville, de se rallier à un camp, et le même camp pour toute la France. Que ce soit les gens bien ou des gens qui ne valent pas la peine. Nous, nous avons apporté ce changement-là, et j’en suis très fier. Et donc, pas de consigne générale. En effet, pas de ralliement à un camp ou à un autre, et au contraire, l’affirmation d’une indépendance...

Au cas par cas, ce matin et jusqu’à 18 heures, heure limite, au cas par cas ?

Jusqu’à 18 heures. Il y a encore le temps, en effet, qu’il se passe beaucoup de choses. Comme vous le savez, les dernières heures sont généralement fructueuses.

Et à Pau, qu’est-ce qui peut se passer ? Il peut y avoir un changement ? Parce que vous pouvez vous dire, comme on le sait qu’« à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire ». Mais à perdre avec péril, on perd sans gloire aussi.

Et bien, je ne perdrai pas, je ne veux pas perdre. Je veux, au contraire, que ce choix qui est le choix au fond du pluralisme normal, de la tolérance normale, que les grandes familles, les grandes sensibilités d’une ville elles soient toutes contentes de leur Hôtel de ville, qu’elles y aient toutes leur place, qu’elles puissent frapper à la porte - je viens de frapper sur le micro - pour dire : est-ce qu’on peut proposer une idée ou au contraire exprimer une inquiétude ? Et cela ne passera pas par des appareils de partis.
Vous dites la même chose à propos du Parti socialiste, vous n’êtes pas favorable à des discussions directes et globales avec le PS, qui est d’ailleurs divisé à votre propos ?
Oui c’est vrai que le Parti socialiste a de grandes divisions en son sein, en particulier à propos de cette ouverture que je propose. J’ai noté que S. Royal était plutôt ouverte, et que F. Hollande était plutôt fermé. Et B.  Delanoë aussi...

Il vous prend au mot : ville par ville, cas par cas...

Eh bien, ceci est une bonne chose. Considérons que nous sommes fréquentables les uns pour les autres. Considérons qu’il y a des gens nombreux à droite, dans la droite républicaine française qui méritent qu’on parle avec eux, et qu’il y a des gens, nombreux dans la gauche démocratique française qui méritent qu’on parle avec eux, et c’est formidable qu’on puisse enfin entrer dans une ère où quelqu’un dise : écoutez, arrêtons de considérer qu’on a de l’autre côté de la barrière des ennemis irréductibles, lorsqu’il s’agit des villes - ce sera vrai un jour pour la France aussi - mais lorsqu’il s’agit des villes, on peut tout de même s’asseoir autour de la même table et travailler ensemble pour que tout le monde puisse faire entendre sa voix.

Cela va être le cas dans de nombreuses villes aujourd’hui. Qu’est-ce que vous êtes prêt à faire, pare exemple à Périgueux ?

A Périgueux, j’ai dit au fond la vieille amitié que j’avais pour X.  Darcos, le maire de Périgueux, le ministre de l’Education nationale, j’ai dit cela depuis longtemps, il a été mon directeur de cabinet, comme vous savez, dans les temps anciens où j’étais moi-même ministre de l’Education nationale, et je me suis exprimé sur ce point, puisque nous avons en effet des candidats nombreux sur sa liste.

Il y a de nombreuses villes, etc. Mais je prends le cas de Paris. Vous risquez de n’avoir aucun élu, parce que vous avez vu que B. Delanoë se passe de M. de Sarnez et du MoDem, et qu’il leur a donné rendez-vous après le 16 mars. C’est une sorte de punition.

Je suis absolument certain que les électeurs de Paris, pas seulement les nôtres qui sont par dizaines de milliers, comme vous savez, plus de 60.000 électeurs à Paris, mais aussi les électeurs qui ont voté pour B.  Delanoë, majoritairement, ils avaient envie qu’il y ait cette nouvelle majorité plus ouverte, et puis B. Delanoë, pour des raisons internes au Parti socialiste, je n’en doute pas, a fermé cette porte, montrant ainsi qu’il se plaçait du côté de la fermeture, je pense que beaucoup d’électeurs parisiens ne seront pas satisfaits de cette fermeture. Nous, en tout cas, nous en prenons acte. Nous avons fait ce qu’il fallait. M. de Sarnez, qui a fait une très belle campagne, a fait ce qu’il fallait pour dire qu’elle était prête à un partenariat nouveau. C’était la première fois à Paris qu’on proposait cela.

Il y a une nouvelle déclaration à l’instant de F. Hollande. Il dit : S.  Royal fait toujours la même expérience avec F. Bayrou. F. Bayrou ne fera aucune alliance tant qu’il n’aura pas réussi ou échoué à l’élection présidentielle, et comme je pense, dit F. Hollande, qu’il échouera, alors, il vaut mieux construire un grand Parti socialiste ».

F. Hollande fait son boulot de premier secrétaire du Parti socialiste. Il n’est pas en train d’ouvrir des chemins plus intéressants pour la France. Il est sur le, comment dirais-je, dans la vieille ornière classique et traditionnelle. Je dis ceci à F. Hollande qui est entre nous plus intelligent et plus subtile que ces déclarations ne le laisseraient croire, je dis à F. Hollande que le pays dont nous allons avoir la charge, tous, chacun à sa manière, et chacun dans sa responsabilité, c’est un pays qui en situation suffisamment délicate et suffisamment difficile pour qu’on essaye de réfléchir à la meilleure manière de l’en sortir plutôt que de lancer perpétuellement des oukases et des petites insultes les uns sur les autres.

Jusqu’à présent, F. Bayrou, le peuple n’a pas donné - je veux dire les électeurs - une raclée du président de la République et à la droite. C’est le peuple qui se trompe ?

Vous vous souvenez que je suis venu à votre micro, plusieurs fois, pour dire que contrairement à ce que prétendaient l’UMP d’un côté, le PS de l’autre, l’enjeu de ces élections ne serait pas un enjeu national, pas un référendum pour ou contre le pouvoir. J’ai toujours défendu l’idée que ce serait des enjeux locaux, et que ce sont ces enjeux locaux qui l’emporteraient dans l’esprit des électeurs. Je crois que la confirmation en a été donnée une fois de plus.

On va voir, et puis il y a probablement le débat qui va être organisé, puisque vous êtes d’accord. Mais je termine avec une question plus large : le prestigieux, l’illustre S. Peres est à Paris. Lors du dîner hier soir à l’Elysée, il a dit à N. Sarkozy : « le peuple d’Israël est fier de vous compter parmi ses amis ». S. Peres est l’ami des Français. De F. Bayrou aussi ?

Oui, S. Peres est une personnalité formidable. Je l’ai rencontré pour ma part il y a plus de trente ans. Et je suis allé le voir chaque fois que je me suis rendu dans cette région du monde. C’est un homme tout à fait...  c’est un pilier de la démocratie en Israël, c’est une référence pour beaucoup d’hommes et de femmes. Au-delà des idées politiques, je suis très heureux que S. Peres ait été élu dans ces fonctions à la tête d’un parti centriste.

Et qu’il soit à Paris...

...Et puis c’est son choix, et donc c’est pour moi un homme que j’estime et que j’aime, s’il le permet.

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