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Militant Haut-Rhinois du MoDem
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21 mars 2013

Bayrou : sa part de vérité

Mais non, François Bayrou n'est pas mort... Il écrit encore ! Bien. Très bien, même. Ce qui est rare dans cette République autrefois des lettres où, à l'exception de Bruno Le Maire et de Christiane Taubira, les impétrants confient le soin de rédiger, et de penser, à des nègres, alors que l'esclavage en théorie a été aboli, mais pas dans l'édition. L'ex-candidat battu à la présidence de la République ne sort donc pas un livre pour se parer des plumes du paon, même si... Il publie, car il a quelque chose à dire ! A savoir que le temps des truqueurs lui paraît révolu. Voici venir celui «de la vérité»*, que l'aggravation de la crise ne permet plus d'esquiver. Est-ce pour autant l'avènement de celui qui l'a servie et qui a toujours été battu par les démagogues ? Bonne question...

La défaite, la déroute même des avocats du parler-vrai face aux bateleurs et aux jongleurs d'illusions ne fait politiquement pas de doute. François Bayrou se console en rappelant qu'on se souvient, ô combien et en bien, de Pierre Mendès France plutôt que de Joseph Laniel ou de Guy Mollet. Consolation lumineuse, certes, mais notre homme qui a prophétisé, sans en être crédité, la catastrophe dans laquelle nous débaroulons n'en est pas à sortir son mouchoir, même s'il a la grippe, ni ses mots d'adieu pour l'histoire, car celle-ci n'est pas écrite. La preuve par les épreuves... Les déficits et les drames qu'il annonçait, nous y sommes ! Jusqu'au cou. Les faux-semblants, les trucages, les ruses retardataires ne sont plus de saison. Quand il prédisait une croissance atone, alors que Hollande et Sarkozy jonglaient avec les 2 %, on riait du prophète de malheur à la triste mine de régime sec. Bayrou, le candidat des pénitents, a trop payé sa lucidité sans fard pour ne pas espérer demain en être récompensé. Même s'il sait l'ingratitude des peuples pour les porteurs de mauvaises nouvelles. Alors certes il n'avouera pas qu'il est toujours blessé d'avoir été aussi mal remercié. Son ambition est pour la France, évidemment... Il se veut pudique et sérieux ; on ne se refait pas !

Il avertit que nous n'aurons, dans l'avenir, le choix qu'entre le mirage cauchemar des apprentis sorciers extrémistes, d'un côté, qui provoqueront la fin de la communauté européenne, l'explosion des nationalismes et de la xénophobie. Et, de l'autre côté, l'effort partagé des réformes trop différées de l'Etat, de la compétitivité, de l'Europe. Sans plus ménager les lobbys ni les clientèles électorales, auxquelles Hollande prête trop l'oreille. Fini de barguigner. Plus de politicaillerie ni de cailleras, d'ailleurs. De la morale, de l'ascèse. Il ne s'agit plus de consacrer ses forces à se maintenir au pouvoir mais d'user de ce qui reste de pouvoir, pour entraîner chacun et le pays au-dessus de lui-même. Et de faire mentir Nietzsche, rien que ça, qui écrivait : «La vie a besoin d'illusions, c'est-à-dire de non-vérités tenues pour des vérités...»


* De la vérité en politique, 216 p., 14 €. En librairies le 14 mars.

Nicolas Domenach - Marianne le 19 mars 2013

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