"L'emploi des jeunes est la première urgence sociale à traiter", estime Rodolphe Thomas

Rodolphe Thomas, Maire de Hérouville Saint-Clair et responsable de la Politique de la Ville au sein du Shadow Cabinet, a été interpellé par le rapport de l'Observatoire National des Zones Urbaines Sensibles, qui vient de paraître.

"C'est un énième rapport, pour un énième constat et une énième sonnette d'alarme qui retentit une énième fois dans le vide. Les Pouvoirs publics et les élus sont coupables et responsables d'une situation qu'ils ne souhaitent pas voir afin de ne pas avoir à l'assumer", souligne-t-il.

"Si nous ne réagissons pas, demain plus d'un jeune sur deux sera au chômage et sans avenir dans ces quartiers que nous ne manquons jamais de préciser comme sensibles.

L’emploi des jeunes doit être la première urgence sociale à traiter, la priorité nationale. Les moyens financiers sont disponibles mais mal répartis et n’apportent donc pas les résultats escomptés. Le manque de cohérence, entre les politiques publiques locales et l’Etat, ne fait qu’aggraver cette situation.

Pourquoi en France le taux d'emploi des moins de 25 ans reste l'un des plus bas de l'OCDE ? Combien de jeunes sont laissés de côté, abandonnés dans leur parcours, sans réel suivi ni accompagnement personnalisé ? Que font tous ces jeunes pendant les 12 à 18 mois d’attente, avant de pouvoir obtenir une place dans un centre de formation ?

Le décrochage scolaire non identifié et les orientations par défauts après le collège ainsi qu’au lycée engendrent des bataillons de jeunes, génération après génération, qui viennent grossir les rangs des "sans motivation", des "sans espoir". Se dessine alors une jeunesse en France à deux vitesses.

Emploi, formation, insertion sociale… Alors qu’ils sont au cœur même de leurs compétences, les régions, les départements et les services déconcentrés de l'Etat, prennent-ils conscience de la hauteur de l’enjeu?

Les écoles de la 2e chance, ainsi que de nouveaux centres de formations d'apprentis, doivent être créés au plus vite dans chaque département, en fonction des attentes du monde économique. La rapidité des mutations techniques et technologiques est telle que nous devons nous adapter à ces changements et mettre les moyens humains et financiers nécessaires pour y faire face. Quels regards portent tous ces jeunes sur notre société ?

La voie de l'apprentissage et des filières techniques peut être une des solutions à la situation de crise actuelle. Tant dénigrée hier et encore aujourd’hui par le Parti Socialiste, elle est dans d’autres pays un vecteur d'intégration sociale et de croissance économique.

L’économie locale, par la création de petites et moyennes entreprises mais aussi de commerces de proximité, est un des piliers de l'intégration sociale et professionnelle dans les quartiers en Zone Franche Urbaine (ZFU). Les entreprises souhaitent souvent pouvoir recruter mais sous conditions, celles que les formations et contrats en alternance proposés aux jeunes soient adaptés à leurs besoins.

Les premiers résultats en ZFU sont encourageants et ce grâce à la volonté de certains élus locaux qui ont pris la mesure de ce que pouvait apporter ce dispositif créateur d’entreprises et donc d’emplois. Nous devons travailler dans ce sens et dynamiser ces territoires qui recèlent de richesses pour nos jeunes en devenir.

Les conséquences seront encore plus dramatiques si rien n'est entrepris, entraînant ces jeunes ou adultes, sans perspective d'avenir, dans la délinquance et la violence. Les élus le savent bien, encore faut-il qu'ils assument leur mandat au-delà des postures politiciennes et ce en dépassant les clivages politiques !"

Rodolphe Thomas
Maire d’Hérouville Saint-Clair et conseiller général du Calvados
Responsable du Logement, de la Rénovation urbaine et de la Politique de la Ville au sein du Shadow Cabinet