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Militant Haut-Rhinois du MoDem
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12 octobre 2013

"Nous devons maîtriser et rationaliser d'urgence la dépense publique"

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Dans une interview à la Gazette des Communes, Alain Lambert estime que le niveau record de la dépense publique "menace la stabilité des finances et l'avenir des services publics".

Alain Lambert, président du Conseil général de l'Orne et ancien ministre du Budget et de la Réforme budgétaire, vient d'être chargé par le président de la République d'une mission sur la maîtrise des dépenses publiques. Il publie, le 16 octobre, un ouvrage intitulé Déficits publics : la démocratie en danger.

La Gazette des Communes - Dans votre ouvrage, vous tirez la sonnette d’alarme sur les déficits publics. La France dépense-t-elle trop ?

Alain Lambert - La France est un pays désordonné. Il mène l’action publique au moyen de trois acteurs différents : l’Etat, la protection sociale et les collectivités territoriales. Ceux-ci agissent sur la même politique publique mais avec trois administrations, trois budgets différents et trois comptabilités qui ne se reconnaissent pas. Cela donne l’impression que ces trois acteurs passent plus de temps à s’organiser entre eux plutôt qu’à répondre aux problèmes des Français. C’est l’une des causes principales du niveau de dépenses publiques élevé comparé aux biens et aux standards de service public offerts aux Français.

Quelle est la responsabilité de chacun dans cette situation ?

Elle est partagée entre les trois acteurs car ils brandissent chacun leur autonomie respective alors qu’ils mènent la même politique au service des Français. Je ne leur trouve pas beaucoup de circonstances atténuantes. Ils ressemblent à des groupements d’intérêts administratifs catégoriels visant d’abord la défense de leur propre administration plutôt que la défense du service public rendu au citoyen.

Quel est l’objectif de votre mission ?

C’est une mission qui vient après d’autres. Il ne s’agit pas de rajouter un rapport aux autres. L’objectif est de rendre immédiatement opérationnel les informations déjà collectées. Notre rapport proposera des outils pour maîtriser la dépense et la rationaliser. Le président de la République nous demande de passer au crible toutes les dépenses publiques. Il s’agit de voir comment et par qui elles sont décidées, qui les gère, qui les paie, quels effets elles produisent, combien une politique publique coûte, quelle part arrive effectivement dans un ménage par rapport à la dépense initiale. S’il existe une perte de 50% entre le haut de la tuyauterie budgétaire et le bas, on doit se poser des questions.

Vous devez poser les bases d’un pacte de confiance entre l’Etat, la protection sociale et les collectivités locales. Quel sera l’impact pour ces dernières ?

L’idée est de rendre les collectivités parties prenantes du programme de stabilité qui couvre l’ensemble des finances des administrations publiques. Celui-ci n’engage que l’Etat, pas les autres administrations. Or la part apparente de l’Etat dans la dépense n’est que de 35%. Nous proposerons des outils pour que les collectivités participent à cet engagement.

Partez-vous à la chasse aux coûts comme vous êtes parti à la chasse aux normes ?

La dépense publique a atteint un niveau jamais atteint. Elle menace la stabilité des finances mais aussi l’avenir des services publics. Avec Martin Malvy (ndlr : avec qui Alain Lambert co-écrira ce rapport), nous sommes des gens raisonnables. Nous avons la confiance du président de la République et aussi je pense de Bercy. Personne n’a rien à craindre. Ce qui compte, c’est de faire apparaître où sont les points de fuite et de faire en sorte que chaque euro aille bien dans la poche de celui pour lequel il a été destiné et pas dans la lessiveuse administrative qui ne s’arrête jamais. Il ne s’agit pas de rechercher des coupes monstrueuses mais de rationaliser grâce à une vue d’ensemble.

Quelle va être l’articulation de votre mission avec les projets de loi sur la décentralisation ?

Il s’agit de mettre chacun à l’aise. Les administrations ont leurs propres contraintes avec un corps de règles extrêmement complexes qu’elles doivent harmoniser au sein de la MAP. Nous, nous sommes des élus, et sommes en quelques sortes du côté des usagers de l’action publique. Les administrations sont du côté de back office, nous du front office. La qualité du fonctionnement entre les deux est essentielle pour l’efficacité. Nous nous tiendrons réciproquement informés de l’avancement de nos travaux respectifs afin que le front office puisse expliquer ses besoins au back office qui est en train de se réformer.

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