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Militant Haut-Rhinois du MoDem
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10 juillet 2007

Le Centre

1 PRÉSENTATION

Centre (politique), terme générique désignant les mouvements politiques refusant le conservatisme des partis de droite et les bouleversements proposés par les partis de gauche, et favorables à un changement progressif et modéré des structures sociales.

2 L’INCERTAINE EXISTENCE DU CENTRE

C’est en France qu’apparaît pour la première fois le centre en tant que réalité politique. En effet, la transformation des États généraux en Assemblée nationale constituante, en 1789, laisse — entre un bloc de droite monarchiste et un bloc de gauche, partisan de substituer au principe monarchique celui de souveraineté nationale — la place à un ensemble politique, composite et majoritaire, situé au centre, appelé le Marais ou la Plaine.

Cependant si l’existence du centre paraît conditionnée à la mise en place d’un régime parlementaire, il ne saurait s’agir d’une condition suffisante comme le démontre son absence en Grande-Bretagne où il existe pourtant, dès le XVIIIe siècle, un système parlementaire, mais où le bipartisme occupe tout l’espace politique.

En fait, le centre est lié à la conception latine de la politique. Alors qu’on trouve des partis se réclamant du centre en Italie, en Espagne, au Portugal et en France, ces derniers n’existent pas dans les pays anglo-saxons. Le bipartisme très prégnant chez ces derniers explique en grande partie cette situation, et lorsqu’il arrive qu’un parti se baptise centriste, comme le Zentrum (« Centre catholique ») en Allemagne, il est en réalité une formation regroupant des intérêts conservateurs, voire réactionnaires, le situant de fait à droite.

Cependant, la question d’un centre irréductible aux pôles de la droite et de la gauche s’est toujours posée. Le politologue Maurice Duverger estime que le centre n’existe pas en politique : « On appelle “ centre ” le lieu géométrique où se rassemblent les modérés des tendances opposées : modérés de droite et modérés de gauche. » En revanche, Georges Burdeau pense que le centre a toujours existé et qu’il a été représenté dans la vie politique française, souvent par une partie de la droite, celle qui refuse les extrêmes : la droite orléaniste.

En effet, si l’absence de programme idéologique du Marais, qui pourrait se résumer par la seule volonté de survivre aux différentes évolutions de la Révolution française, et si le ralliement de la plupart de ses membres à l’Empire puis à la Restauration semble obérer toute esquisse de définition précise, la politique menée sous la monarchie de Juillet par Guizot et ses partisans, issus de la droite orléaniste, constitue une sorte d’étape préliminaire à la formation d’un centre, conçu comme le « juste milieu », repoussant les excès des ultras comme de la gauche.

De même l’attitude à la fin du XIXe siècle des républicains « opportunistes », par leur volonté d’asseoir à la fois définitivement les acquis de la Révolution française, dont la laïcité et la république, et de limiter la question sociale à quelques lois d’inspiration libérale, détermine un espace politique défini comme une voie médiane, ni monarchiste, ni nationaliste, ni socialiste.

Mais si le centre joue un rôle majeur dans la vie politique française, depuis la fin du XVIIIe siècle, il semble qu’il ne soit jamais parvenu à se doter d’une doctrine bien définie, ni même à transformer sa majorité arithmétique, le plus souvent bien réelle, en un parti, et plus largement en un rapport de forces politique favorable à ses propres intérêts.

3 LES PARTIS CENTRISTES EN FRANCE

3.1 Jusqu’en 1945

Si le terme de « centriste » n’apparaît qu’à partir de 1922, et celui de « centrisme » qu’en 1936 seulement, il est en revanche indéniable que les représentants du centrisme se sont retrouvés nombreux au sein du Parti radical et radical-socialiste et, dont ils ont ainsi contribué à faire évoluer la ligne politique. Mais durant toute cette période, ils ont dû se définir alternativement contre la droite ou contre la gauche, et chercher dans chacun des deux camps, à tour de rôle, des alliés afin de former des gouvernements de coalition, tantôt de centre-droit, tantôt de centre-gauche. Une nouvelle fois, durant l’entre-deux-guerres, sa seule délimitation ne peut que se trouver négativement, par le rejet des communistes et des ligues d’extrême droite.

3.2 Sous la IVe République

Durant la période suivante, les hommes du centre, comprenant les radicaux et les membres du Mouvement républicain populaire (MRP), sont parmi les principaux animateurs de la IVe République, régime qui exclut communistes et gaullistes. Leur faiblesse numérique en revanche les contraint à pratiquer de perpétuelles oscillations et à se livrer à des combinaisons parlementaires instables. Les centristes rallient les socialistes sur la question de l’Europe, et la droite modérée sur la question de l’enseignement privé, ce qui contribue à donner une image négative de la IVe République qui, à l’instar de la IIIe République, semble livrée au seul jeu politicien, et à favoriser ainsi la chute du régime.

3.3 Sous la Ve République

Sous la Ve République, de 1958 à 1974, l’espace du centre voit cependant se constituer véritablement deux formations centristes, issues des deux partis ayant des traditions centristes, à savoir le MRP et le Parti radical. Le Centre démocrate, première appellation de ce type, est fondé le 2 février 1966, sous la présidence de Jean Lecanuet, prenant la suite de la formation démocrate chrétienne du MRP, dont il constitue un élargissement et un dépassement doctrinal (absence de références explicites à la doctrine chrétienne).

Dans le même temps une scission s’opère parmi les radicaux (voir Radical et radical-socialiste, Parti). L’aile gauche, sous l’impulsion de Maurice Faure, fonde le Mouvement des radicaux de gauche (MRG) et rejoint le Parti socialiste (PS) et le Parti communiste français (PCF) au sein de l’Union de la gauche, tandis que le Parti radical, qui regroupe notamment les partisans de J. J. Servan-Schreiber et de son Mouvement des réformateurs, se rallie au nouveau président de la République, Valéry Giscard d’Estaing, élu en 1974.

En 1976, un nouveau parti politique, le Centre des démocrates sociaux (CDS) naît de la fusion du Centre démocrate, du Centre démocratie et progrès et de divers clubs et associations. Il se définit comme hostile à la bipolarisation de la vie politique française et se montre favorable à l’unité européenne et au renforcement de la communauté atlantique, à une économie libérale et à une certaine participation des citoyens.

Il participe aux gouvernements élaborés sous la présidence de Valéry Giscard d’Estaing. Le septennat de celui-ci marque véritablement la tentative d’une mise en place d’un projet centriste qui mêle réforme des mœurs (loi Veil sur l’interruption volontaire de grossesse en 1975, abaissement de l’âge de la majorité, etc.) et libéralisme à caractère populaire.

Le CDS devient, ainsi que le Parti radical, l’un des membres fondateurs de l’Union pour la démocratie française (UDF) et constitue l’une des principales composantes de ce parti.

Mais le CDS ne parvient pas à rallier une majorité d’électeurs, qu’un programme modéré ne séduit guère, alors même que les centristes, qui se constituent en groupe indépendant à l’Assemblée nationale de 1988 à 1993, peinent à se trouver un véritable leader comme en témoignent les échecs de Raymond Barre à l’élection présidentielle de 1988 et de Simone Veil aux élections européennes de 1989. Cependant, un temps courtisés par les socialistes qui cherchent l’ouverture au centre, plusieurs des membres les plus influents du CDS participent de 1993 à 1995 au gouvernement d’Édouard Balladur, dont la défaite à l’élection présidentielle de 1995 marque la fin d’une stratégie visant à rassembler au centre au-delà du clivage gauche-droite. La présence de centristes, notamment celle de François Bayrou et de Jacques Barrot dans le gouvernement d’Alain Juppé, témoigne de leur rôle de force d’appoint indispensable à la droite. Toutefois, l’échec de la dissolution de l’Assemblée nationale en juin 1997 et la faiblesse de l’UDF dont certains de ses membres acceptent, dans le cadre des conseils régionaux, de s’allier, en 1998, avec le Front national, relancent à nouveau chez certains leaders du CDS, devenu Force démocrate en 1995, la volonté de créer un grand parti centriste, qui se démarquerait des familles gaulliste et libérale à droite et se rapprocherait du Parti radical à gauche.

Si le centre constitue depuis deux cents ans une référence politique forte, les centristes ont jusqu’à présent toujours échoué à se doter d’une formation politique puissante, à la différence des différents courants de gauche et de droite, sans doute en grande partie en raison de la fluidité de ses marges, et plus encore de l’absence d’une identité programmatique forte, la principale caractéristique du centre étant justement le refus de tout carcan idéologique et un pragmatisme confinant parfois au jeu politicien.

Source : encyclopédie Microsoft Encarta 2004.

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